Hordain

Des agriculteurs, des chasseurs et pêcheurs occupent le territoire. Ils disposent d'outils rudimentaires et savent confectionner des tissus.
Commence la civilisation !
Ils élèvent des monuments mégalithiques, la pierre branlante découverte à proximité du stade municipal témoigne de leurs préoccupations religieuses.

L'Escaut correspondant à la frontière entre la Flandre et le Hainaut perpétue la vieille limite entre les Nerviens à l'Est et les Atrébates à l'Ouest. Ces tribus celtes s'installent près du cours d'eau mais subissent l'invasion des Cimbes et des Teutons et ne résistent pas à l'occupation romaine.
En 49/50 AV-JC, Jules César installe ses troupes sur le territoire voisin d'Estrun au lieu-dit "Le Camp de César".
Peu à peu ils sont absorbés par la civilisation romaine et deviennent "Gallo-romains", 121 AP-JC par l'édit de Caracalla.

Durant la période gallo-romaine, le territoire est intensément exploité. Hordain doit certainement son nom à son environnement. Sa plus ancienne mention "IN-HORDINIUM" montre un suffixe inium qui veut dire eau ou marécage, accolé à un radical d'origine végétale hord, en latin Hordéum : l'orge.
A l'interprétation du nom s'ajoutent trois "VILLAE" (cellules rurales) bien attestées par les recherches archéologiques. La première se situe au Nord, le long du chemin de Bouchain, fouillée par M. Demolon en 1973, la seconde, sous la résidence "Le caté" et la troisième repérée dans les labours du sud du village à la limite communale avec Iwuy. Ces trois sites remontent au Ier siècle de notre ère et ont perduré jusqu'au milieu du IVème siècle.

Au début du Haut Moyen Age, un nouveau type d'habitat s'implante à l'emplacement du village actuel. La découverte d'un cimetière mérovingien renforce cette idée. En effet, une nécropole de 430 sépultures, alignées dans un quadrangulaire, sont échelonnées sur plus de quatre siècles, du début du IVème siècle jusqu'à la période Carolingienne. Dans la nécropole, une chapelle funéraire est bâtie au VIIème siècle. Les bijoux, les armes et divers objets, aujourd'hui conservés au musée de Douai, attestent une civilisation avancée avec les premières traces de la christianisation.

Une lignée féodale apparaît à partir de Régnier, avant 1060. Celui-ci est le sénéchal d'Anselme de Ribemont, fondateur de la Châtellenie de Bouchain qui recouvre les deux tiers Est de l'Ostrevant dont Hordain. Anselme et son Sénéchal Régnier profitent des difficultés des évêques de Cambrai, puis des guerres entre la Flandre et le Hainaut pour se tailler un patrimoine foncier considérable.

Jusqu'au XVIIIème siècle, les seigneurs d'Hordain portent le titre de "Sénéchal de l'Ostrevant".
Vers 1076, est construite une église paroissiale dédiée à Saint Géry et à la collation du chapitre cambrésien de ce nom. À la même date, un moulin et un vivier sont bâtis par le seigneur Adam I ainsi qu'un four à cuir.

Sous le règne de Louis XIV Hordain subit des nombreux épisodes guerriers. Le 30 juin 1656, l'armée d'Espagne commandée par Don Juan d'Autriche vient camper sur le territoire de la commune. Leur but est de lever le siège de Valenciennes. En 1657 le Prince de Condé, au service de l'Espagne, envoie 18 escadrons qui traversent Hordain. Ils battent les troupes de Turenne á Cambrai.
Le 19 avril 1677, Louis XIV, á la tête de ses troupes traverse le village. En 1711, la guerre de succession d'Espagne oblige les armées françaises á lutter de nouveau. Les maisons du village où logent les officiers sont pillées et le camp livré aux flammes. Les soldats français évacuent Hordain dans la soirée du 1er septembre 1711.

Ce n'est qu'en 1712 que l'armée française commandée par Villars libère la région de l'occupation des troupes de Marlborough.
A cette guerre, vient s'ajouter la famine, conséquence du terrible hiver 1709.

Jusqu'en 1765, beaucoup de terres appartiennent aux abbayes mais nombre d'entre elles sont incultes ou marécageuses, elles sont appelées Cauchiques.
L'ouvrage de Georges Lefebvre, "Les Paysans du Nord pendant la Révolution française", nous fournit des renseignements précis sur la répartition des terres entre les différentes classes sociales.
En 1785, 668 mencaudées sont réparties de la façon suivante :

  • 366 pour les 123 paysans,
  • 32 pour 3 bourgeois,
  • 69 pour 4 nobles
  • 201 pour le clergé

Il est á noter qu'avant la révolution les pauvres ne disposent pas de la moindre parcelle de terres.

Un recensement effectué durant la période de 1726 á 1740 fait apparaître les noms patronymiques des vieilles familles hordinoises tels que Thyson ou Tison, Neve ou Nef, Olivier, Latargez, Lépine, Pora, Plume, etc… La révolution passe par là et par décret du 20 septembre 1792, l'état civil est laïcisé et la charge qui incombait aux autorités religieuses revient dorénavant aux officiers publics.
On ne parle plus de mayeur mais de membre du conseil général.
En Floréal de l'An V (1797) François Fardel est agent municipal et devient, en l'An IX, Maire d'Hordain de la première République.

En ce début du XIXème siècle, la population hordinoise se compose essentiellement d'hommes de la terre. Elle se divise en plusieurs catégories : Les laboureurs, considérés comme les plus aisés car ils sont propriétaires d'instruments agraires. Moins favorisés, les ménagers subsistent des produits de leurs récoltes mais exercent une activité d'appoint telle la brasserie. Les journaliers eux sont payés à la tâche. Les artisans (tailleurs, charrons, bourreliers…) sont moins nombreux. L'activité économique de l'époque, gravitant exclusivement autour du monde agricole, consiste en une quarantaine d'exploitations, une trentaine d'estaminets et quatre brasseries et bien sûr de nombreux petits commerces.

La population passe de 732 habitants en 1801 à 1362 âmes en 1898. La natalité est forte mais le taux de mortalité infantile important. La Peste et le Choléra font partie des calamités du siècle. En 1848, le préposé à l'état civil enregistre 124 décès sur la même année, soit 10% de la population.

Pendant la première partie du siècle l'évolution est lente. Notre village subit, comme beaucoup d'autres, les deux conflits mondiaux, le premier fera de nombreuses victimes et laissera beaucoup de ruines.
Hordain a été occupé, pendant les quatre années de la "Grande Guerre", par les troupes allemandes avec son lot de misère et de sacrifices. L'église et la mairie ont subi d'énormes dégâts, la plupart des habitations ont été touchées. Après la guerre, la physionomie du village change, les maisons bâties de moellons, issus des carrières de craie souterraines toutes proches, sont remplacées par des constructions en briques rouges.
En 1920, l'électricité arrive et apporte un changement de vie important pour la population. Cette nouvelle énergie permet de faire tourner les petites entreprises locales.
Malgré tout, le travail manque, beaucoup de journaliers sont contraints à partir "en campagne", les autres vont travailler dans le Denaisis pour devenir métallurgistes "Chez CAIL", fondeurs à "USINOR" ou charpentier de bateaux dans les chantiers du "Bassin Rond".

Avec la seconde guerre mondiale ,notre village voit arriver une nouvelle fois les envahisseurs. Après quatre ans d' occupation allemande Hordain est libéré le 2 septembre 1944 par le 12ème groupe US du Général Bradley, division blindée "Old-Hickory". Une certaine stabilité s'installe alors pendant deux décennies.

Au début des années 1970, un évènement considérable bouleverse le paysage de la commune "l'autoroute A2 traverse le territoire". A partir de ce moment l'évolution du village va prendre une toute autre dimension. L'usine Simca Chrysler s'installe chez nous. Le village connaît un essor exceptionnel. Pour répondre à la forte demande, la municipalité de l'époque entame un vaste programme de constructions de logements.
En 1976, 1349 hordinois sont recensés.

Mais la crise économique frappe le Valenciennois et notre cité la prend de plein fouet avec la fermeture progressive d'Usinor au début des années 1980 et l'arrêt en 1987 de la production de Peugeot Talbot, qui avait remplacé entre temps Simca Chrysler. De 1975 à 1993 le Valenciennois perd le quart de ses emplois. Hordain devient un village sinistré, le nombre de chômeurs augmente dans des proportions importantes, la démographie s'écroule, les commerces ne sont pas repris et des classes de maternelle et primaire ferment leurs portes.

Fin 1988, renaît l'espoir. Le 19 décembre 1988, très exactement, est signé l'accord FIAT-PSA qui conclut la construction de véhicules utilitaires légers sur le territoire de Hordain et de Lieu-Saint-Amand.

Ainsi naît SEVELNORD. Le site de production est inauguré le 16 mai 1994 en présence de Jacques Calvet, PDG de PSA et Gérard Longuet, ministre de l'industrie.
Depuis, les équipementiers, les entreprises de logistiques et autres se sont installés sur nos zones industrielles et contribuent au développement de note village.
Les effets de cette relance économique sur la démographie seront longs et il faudra attendre les années 2000 pour voir s'infléchir la courbe. Le recensement de 1999 est révélateur, entre 1976 et 1999 le village avec ses 1190 habitants a perdu 159 âmes et commence seulement à relever la tête aujourd'hui.

Ce résumé d'histoire locale a été élaboré par Francine BONIFACE-MILLESCAMPS à partir de différents ouvrages tels que :
- Essai d'Histoire Locale d'HORDAIN réalisé en 1979 par Joëlla DUBOS, Jean MILLESCAMPS et Désiré SERRES
- Mottes et Maisons-Fortes en Ostrevant Médiéval de Pierre DEMOLON, Etienne LOUIS et J-P ROPITAL
- Recherches sur le "Château à Motte" de HORDAIN d'Etienne LOUIS
- L'Histoire de DENAIN et du pays de l'Osrevant d'André JURENIL (éditée par l'amicale VILLARS)


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