Roubaix

Le développement de la ville est lié tout d'abord à la personnalité des seigneurs de Roubaix au 15e siècle. En 1414 Jean-Sans-Peur crée un échevinage. Les seigneurs de Roubaix, Jean puis son fils Pierre, font clore le bourg, qui s'était établi sur la rive nord du Trichon, de fossés et de haies. Non loin du château établi sur une motte entourée de douves et dépendance de celui-ci, se dresse la halle échevinale et un peu plus loin, l'église Saint-Martin dont l'origine remonte au 14e siècle. En 1463 est érigée la chapelle du Saint-Sépulcre. En 1488, Isabeau, fille de Pierre, pose la première pierre d'une importante fondation charitable : l'hôpital Sainte-Elisabeth. Un siècle plus tard, un dessin de Sanderus restitue l'aspect d'un gros bourg relativement isolé. Sa superficie est d'environ 1 000 hectares, sa population de 3 000 habitants.

En 1684, un grand incendie détruit la chapelle du Saint-Sépulcre, l'église Saint-Martin, à l'exception de sa tour, et 80 maisons couvertes de chaume. En 1703, le greffier de Roubaix constate que « depuis deux ou trois ans et de jour en jour plus en plus les étrangers arrivent et s'établissent dans cette paroisse pour travailler à l'outil et autrement ». En 1708, l'accession de Philippe de France au trône d'Espagne déclenche une longue guerre dont le théâtre est proche de Roubaix : la ville est mise à sac. En dépit de ces graves difficultés, l'essor est réel. La ville se développe en empiétant sur la campagne sans plan directeur. Elle est enfin reliée aux voies de communication Lille-Tourcoing et Tournai-Wervicq. En 1800, sa population atteint 8 000 habitants.

La naissance de la ville industrielle

Le passé textile de Roubaix prend son origine en 1469 lorsque les habitants obtiennent de Charles le Téméraire l'autorisation de faire «licitement draps de toutes laines». Pendant trois siècles, d'incessantes querelles l'opposent à Lille la ville voisine qui, soucieuse de conserver le monopole de la fabrication d'étoffes de qualité, entend maintenir Roubaix dans la fabrication de draps grossiers. Les ateliers textiles s'étaient beaucoup développés aux 17e et 18e siècles. Éparpillés dans 23 hameaux formant une véritable ceinture autour du chef-lieu, ils travaillaient sous la direction des marchands fabricants roubaisiens, souvent anciens laboureurs. Les plus habiles d'entre eux créent par stratégie matrimoniale de véritables dynasties. La moitié de la population se consacre aux activités manufacturières. En 1804, est importée la première «mull-jenny». En 1820 la machine à vapeur fait son apparition et, en 1843, les «self-acting mules», grâce à Louis Motte-Bossut. Dès lors, le développement des « grandes mécaniques » conduit à la concentration dans de grands ateliers.

L'expansion au 19e siècle

Dans la première moitié du XIXe siècle, la plupart des 450 maisons construites sont destinées à abriter des familles d'artisans à domicile, belges ou français ; des fermes subsistent parmi les maisons ouvrières, au nombre de 112 en 1831 et de 71 à la fin du second Empire. Peu à peu les parcelles du centre-ville se densifient pour constituer des forts : quartiers de maisons basses disposées autour d'un espace central puis, après 1840, des courées ou alignements de maisons de part et d'autre d'un étroit passage. La croissance immobilière est le fait d'une multitude de petits investisseurs sur lesquels ne s'exerce aucun contrôle. Dès lors, il n'y pas de hiérarchisation de l'espace urbain et imbrication totale de toutes les fonctions. Roubaix plie sous le poids de l'expansion industrielle et de la concentration démographique.

Dans la seconde moitié du 19e siècle, l'initiative communale s'affirme et modifie considérablement le paysage urbain. Le 3 octobre 1860, la municipalité prend un ensemble de mesures d'urbanisme qui seront autant de facteurs d'embellissement pour la ville et de salubrité pour les habitants. On peut citer : le captage des eaux de la Lys, l'aménagement du parc Barbieux sur le délaissé du canal de la Deûle à l'Escaut, la création d'un boulevard de ceinture. Sous l'impulsion du maire Julien Lagache, de nombreux édifices publics sont construits. Entre 1873 et 1896 la population s'accroît de 2 000 habitants chaque année. La moitié a moins de 20 ans et plus de la moitié provient de Belgique ! A l'aube du 20e siècle, la ville atteint le chiffre de 124 000 habitants dont près de la moitié s'entasse dans 1300 courées. Les filatures et les tissages se construisent à la même cadence. En 1911, 267 usines dressent vers le ciel leurs hautes cheminées...

L'apogée, la crise et la reconversion

1911 est une année symbolique. L'exposition internationale du Nord de la France reçoit la visite du président Armand Fallières et présente aux yeux de tous la puissance de l'industrie roubaisienne. C'est aussi la date de l'inauguration de l'hôtel de ville. L'occupation allemande réduit à néant l'outil de travail. La réaction rapide des industriels à ce désastre permettra un redémarrage, vite stoppé par la crise de 1929 suivie des grandes grèves de 1931-1932.

La municipalité socialiste de Jean-Baptiste Lebas s'efforce alors de remodeler le visage de la cité et d'offrir de meilleures conditions de vie aux ouvriers et à leurs enfants. C'est la naissance d'équipements sportifs et de loisirs : école de plein air, vélodrome, piscine. La création d'un office d'habitation à bon marché (HBM) permettra un ambitieux programme de logements sociaux : le Nouveau Roubaix. Après la Seconde Guerre mondiale, la mise en place, avec la participation du patronat textile, du comité interprofessionnel du logement (CIL) marque le point de départ en France d'une politique originale : un pour cent des salaires sera versé par les entreprises pour financer la construction de logements neufs. A la fin des années 50, ont lieu les premières démolitions d'habitat insalubre dans le secteur des Longues Haies. A partir de 1958, la destruction de l'îlot Edouard-Anseele fait naître un quartier nouveau de 1 550 logements collectifs avec école et centre commercial aujourd'hui remplacé par un regroupement de boutiques de fabricants sous l'enseigne Mac Arthur Glenn.

La ville aujourd'hui

Jusqu'aux années 1960 entièrement vouée à l'industrie textile, la Ville, frappée de plein fouet par la crise, dut se reconvertir. Elle est devenue la capitale française de la vente par correspondance et de la grande distribution, activités dans lesquelles se retrouvent beaucoup de fortunes héritées du 19e iècle. L'industrie et le commerce ne sont plus ses seules vocations, elle ose aujourd'hui parier sur la culture et le tourisme.

Elle s'attache à sauvegarder son patrimoine par la reconversion de friches industrielles en lieux culturels : l'usine Motte-Bossut abrite les Archives nationales du monde du travail et l'Eurotéléport, l'ancienne piscine est reconvertie en musée d'Art et d'Industrie, l'ancien conditionnement de la laine a vocation à devenir un centre culturel, l'usine Roussel abrite des studios de répétition pour le ballet du Nord. Avec l'aide de l'Etat elle s'engage dans une politique de préservation et de valorisation du patrimoine. Une campagne de protection du patrimoine bâti a permis l'inscription à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques d'une vingtaine d'édifices à travers lesquels s'incarnent les particularités de l'architecture roubaisienne. La réflexion sur la requalification du centre-ville a précédé l'étude de définition d'une zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager. La reconnaissance de ces efforts se manifeste aujourd’hui dans l'obtention du label Ville d'art et d'histoire et la présence de visiteurs toujours plus nombreux.

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