En 1993, Alain Plateaux fait remarquer que la cité d’Orchies entourée de ses remparts forme un rectangle qui a la même orientation et les mêmes caractéristiques, à quelques détails près, que la cité haute de Boulogne-sur-Mer (rectangle d’environ 410 m de long sur 325 m de large, sur un axe principal orienté sud-ouest, nord-est). Cette similitude, contestée par Pierre Leman, n’est cependant pas un hasard et pourrait amener à penser à la présence d’un camp romain. Dans les deux cités, le château et l’église (cathédrale à Boulogne) et les portes de ville, sont sensiblement aux mêmes endroits. C’est dans cette cité que saint Piat vient prêcher la religion chrétienne comme le dit la tradition, citant la date de 218 (ou 286 selon d’autres sources). La région immédiate connaît également une occupation gallo-romaine attestée par de nombreux vestiges. Tout ceci sera ravagé par des invasions successives de peuplades venues du nord et de l’est, dites barbares. Mais comme, par la suite, on retrouve une cité au même endroit, cela montre que non seulement ce site est attractif, mais qu’il est pérennisé par la volonté de ses habitants, ce qui se répètera tout au long d’une histoire mouvementée. En 864, sur les débris de l’empire carolingien s’établit la féodalité et se créé le Comté de Flandre. Les invasions normandes dévastent à nouveau cette région et la ville d’Orchies en 883 et 884. Les comtes successifs, du nom de Baudouin, n’auront de cesse de défendre leurs terres et vont les doter de forteresses confiées à leurs vassaux. Celle d’Orchies est confiée à un châtelain. En 1188, Philippe d’Alsace, comte de Flandre, accorde à perpétuité que librement aux gens d’Orchies j’ai accordé la liberté et la loi de la ville de Douai afin qu’ils ne soient jugés nulle part dans la Pévèle si ce n’est dans la ville d’Orchies. Le Comte accorde également le droit d’avoir des fours, des brasseries, des moulins. Cette libéralité est faite avec le consentement de l’épouse du comte, Mathilde qui était connue pour avoir cette ville en douaire.Ceci accompagne une suite d’alliances où interviennent divers puissants du moment, dont Philippe Auguste dont le tuteur fut ce Philippe d’Alsace... Après la mort mystérieuse de Baudouin V en 1205, ses deux filles, Jeanne et Marguerite eurent beaucoup de difficultés à entrer en possession du comté dont elles héritaient. La bataille de Bouvines en 1214 est l’un des avatars de cette affaire complexe. Retenons que Jeanne considère Lille comme sa capitale et y entreprend des travaux, fondant abbayes, hôpitaux et autres, tandis que Marguerite reçoit Orchies en apanage où elle va également créer l’abbaye en l’Honneur de Notre-Dame aux abords des remparts, qui sera transférée à Flines pour être davantage au calme, et un hôpital, dit de Théomolin, remplace la fondation primitive. Il est encore en fonction, en ville. Marguerite qui est seigneur de Pévèle et d’Ostrevent a fait d’Orchies sa résidence préférée et elle renouvelle les libertés jadis accordées en 1188. Ce qui est alors la Châtellenie d’Orchies, détachée de celles de Lille et de Douai, profite largement des libéralités de Marguerite et sa juridiction s’étend largement aux alentours. Devenue comtesse de Flandre à la mort de Jeanne, Marguerite fait reconnaître Guy de Dampierre son fils par les cité flamandes comme son successeur. C’est une époque prospère et fastueuse, appelée souvent l’âge d’or flamand. En 1297, Philippe le Bel, en guerre contre les Flamands, renouvelle cependant les libertés d’Orchies. De nouvelles péripéties vont amener à des batailles, dont celles des Eperons d’orqui verra la victoire des Flamands, et les Français se vengeront à Mons en Pévèle en 1304... Les chevaliers morts lors de cet affrontement furent inhumés dans l’église d’Orchies. En 1305, les châtellenies de Lille, Douai, Orchies devinrent françaises. Philippe le Bel reconnaissant envers les habitants d’Orchies pour leur aide à Mons, leur accorda le droit d’avoir un beffroi. Mais la quiétude sera de courte durée. Durant la Guerre de Cent ans, lors du siège de Tournai par Edouard III d’Angleterre, le 1er août 1340, Orchies n’ayant pas de remparts à l’époque, fut brûlé ainsi que Landas ! Au cours des guerres opposant Bourguignons et Armagnacs, Orchies est de nouveau incendiée, le 30 avril 1414. C’est alors que la ville est entourée de remparts, lesquels sont probablement établis sur les fondations antiques, s’il en était différemment, on ne pourrait comprendre la similitude avec Boulogne. Ces murs n’ont pas empêché la destruction de la cité lors de l’opposition entre les Bourguignons (Charles le Téméraire) et les Français (Louis XI) en 1477. Voici le récit du pillage par Jehan Nicolaÿ : Lors(les Français) poussèrent et allèrent devant la ville d’Orchies, dont les Bourghegnons, un peu devant, avoientars (brûlé) une partie et où ils trouvèrent gens de deffence quy leur refusèrent l’entrée. De laquelle chose courouchiés, ils assaillirent la ditte ville et la prindrent par force et eulx entrèrent en ycelle et tuèrent ceulx quy avoient résistés a eulx puis pillèrent la ville et ardirent les maisons quy des feux des Boughegnons estoient escappées... La fin des conflits mène au passage de la souveraineté des Bourguignons aux Espagnols. Au XVIe siècle, les guerres de religion sont une autre calamité qui va coûter cher à cette région, décidément peu épargnée. Le pouvoir espagnol s’étant rendu impopulaire, aux gens qui souhaitaient une réforme de l’Eglise se sont joints des mécontents, formant ce qu’on a appelé les Gueux. Notre région se montre très favorable à la religion réformée, devant devenir l’Eglise protestante par la suite. Orchies résiste à un raid tournaisien en 1566, la ville épiscopale étant devenue la Genève du Nord, en référence à Calvin, mais la répression espagnole est terrible. Le retour au catholicisme est obtenu par la force, les bûchers et les pendaisons. Orchies paie son tribut à cette période affreuse. La communauté protestante y est décimée. En 1575, la cité obtient l’autorisation d’hypothéquer ses domaines pour renforcer les murailles et d’établir un guet dans le clocher de l’église et au dessus de chaque porte. La paix revenue grâce aux archiducs Albert et Isabelle, Orchies reconstruit le beffroi dans le style baroque en 1610. De nouveaux privilèges sont accordés, favorisant les tailleurs, couturières et passementières. En 1638, Ferdinand d’Autriche fait son entrée solennelle dans la cité devenue espagnole. Elle passe à la France lors de la guerre de Dévolution en 1667, suite à la prise de Douai par Turenne qui avait son camp aux abords d’Orchies. En 1708, le 3 septembre, un brillant équipage accompagne le duc de Bourgogne, le duc de Berry, le roi d’Angleterre, le duc de Vendôme et d’autres, lesquels logent à Orchies avec faste. Ce qui vaut aux habitants une sauvegarde, bien utile en temps de guerre. Mais les armées françaises ont des revers et la région est occupée par les troupes hollandaises. En 1709, un hiver particulièrement rigoureux, décrit par le curé de Rumegies, est accompagné d’une épidémie de peste. Le duc de Malborough loge en ville (le fameux Malbrouck de la chanson). En 1712, Orchies est envahi par de nouvelles troupes alliées contre la France. Une commission chargée de traiter de l’évacuation des places fortes occupées se réunit ici et regroupe autour de Monsieur de Montesquiou, maréchal de France et gouverneur d’Arras, un grand nombre de nobles personnages des diverses armées en présence. Après le traité d’Utrecht, la Flandre redevient française et son administration est renouvelée. Orchies conserve sa cour féodale et le droit de nommer le magistrat local, la municipalité en quelque sorte. Mais, en 1733, Louis XV oblige les villes à prendre en charge les fonctions des administrateurs et autres personnes s’occupant des affaires locales. Ce sera une très lourde dépense pour la cité. Celle-ci connaît de nouveau les affres de la guerre lors des affaires de la succession d’Autriche : mouvements de troupe, passage du roi qui logera à Cysoing et victoire de Fontenoy le 11 mai 1745. Les innombrables victimes de cette bataille sont inhumées dans les prés de l’hôpital de Théomolin. D’autres, plus chanceux car seulement blessés, sont soignés dans le même établissement. La Révolution amène de nouveaux changements dans l’administration. Mais, cette fois, Orchies ne connaît aucun épisode tragique jusqu’en 1792. Le 24 mai, la cité est sous les ordres du général Lamothe qui s’y retranche avec 200 fantassins et 50 chasseurs, armés de 2 pièces de canon. Mais cette faible garnison est contrainte de fuir, laissant la ville tour à tour aux Français et aux Autrichiens, avec le lot de pillages, meurtres et autres déprédations. Lors du siège de Lille, les Autrichiens quittent Orchies le 22 octobre 1792, laissant derrière eux une réputation épouvantable. C’est de cette cité que le général Dumouriez part vers la Belgique où il va remporter la victoire de Jemmapes le 6 novembre. A part quelques escarmouches, la fin des hostilités est bien accueillie en 1800 (An VIII de la République). Après Waterloo le 18 juin 1815, c’est l’occupation par des troupes hanovriennes au service de l’Angleterre. Beaucoup de ces soldats choisirent de rester lors de la fin de cette occupation, en 1818. En 1826, la ville décide de détruire les remparts, trop onéreux et jugés inutiles. Cette mesure, compréhensible, a cependant privé la cité d’un aspect fort intéressant et séduisant, avec les larges douves et les plantations. Il en a été de même à Lannoy, près de Roubaix. Ici, il ne reste que quelques fragments et la Tour à diables, celle-ci malheureusement invisible. En 1827, le 6 septembre au matin, Charles X s’arrête à Orchies et y est reçu avec solennité. Il en profite pour inaugurer la nouvelle église entreprise en 1825 et pas totalement achevée. Le XIXe siècle amène une ère de transformations et de développement. Orchies devient une des étapes de la ligne de chemin de fer allant de Lille à Valenciennes, décidée en 1864 et inaugurée en 1870. La gare sera ensuite développée et, de là, partiront des voies vers Somain en 1874, Ascq en 1878, Bachy en 1882, Douai en 1880. Durant ce temps, l’industrie s’est développée. Le Blocus Continental instauré par Napoléon 1er pour ruiner l’Angleterre amène à trouver des formules de remplacement pour les produits venant notamment des Antilles, le sucre et le café. C’est dans le Nord que se développe la culture de la chicorée à partir des travaux de Charles Giraud à la fin du XVIIIe siècle. Une petite manufacture est fondée à Orchies en 1840 par M. Herbo, fabricant de chicorée à café, de tapioca et de chocolat. Le hasard d’une enquête mène à Orchies l’ingénieur parisien Jean-Baptiste Leroux en 1858... (voir plus loin l’article sur la Chicorée Leroux). La faïencerie Emile L’Herminé-Declercq créée en 1870 à Rimbaud (B) se transfère à Orchies en 1886, avec l’association de son frère Joseph. En 1904, cette entreprise se spécialise dans les faïences artistiques, destinées aux façades et aux décors intérieurs. Une fusion avec la faïencerie d’Hamages permet un nouveau développement dès 1920, profitant des grands travaux de reconstruction des régions dévastées par la guerre. Vers 1910, cette entreprise employait 175 personnes. Entre 1950 et 1970, ce nombre est passé à 500. Malheureusement, les activités de L’Herminé et Cie s’achèvent en 1980 par la fermeture définitive des ateliers. Il reste de très belles compositions décoratives, des enseignes, des décors divers, tant à Orchies que dans les environs. La Grande Guerre sera une terrible épreuve pour Orchies. Le 27 septembre 1914 le commandant de la Place, le major Von Mehring fait placarder une affiche qui annonce qu’en représailles de massacres de soldats allemands et de personnel médical, la ville a été détruite : J’ai, en conséquence, fait détruire complètement la ville d’Orchies, autrefois ville de 5000 habitant, elle n’existe plus : maisons, Hôtel de Ville, Eglise, ont disparu et il n’y a plus d’habitants. Des images hallucinantes des ruines causées par l’incendie de la nuit du 25 au 26 septembre conservent le souvenir de cette répression qui rappelle les malheurs de jadis. La perte de nombreux édifices reste une perte irréparable. La reconstruction durera jusqu’en 1925 et ne rendra pas l’aspect séduisant antérieur. Pis encore, le 29 mai 1940, la ville est bombardée et incendiée par l’aviation allemande. Il faudra plus de 15 ans pour panser ces nouveaux désastres. Aujourd’hui, Orchies s’est agrandie et modernisée, reliée au réseau d’autoroutes par les bretelles de l’A23. Des industries, des activités diverses, en font une cité active.
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