Harnes

Les historiens s’accordent pour affirmer que notre territoire a été habité dès l’âge de la pierre polie. Des outils, des armes en silex et des meules portatives, utilisés par les peuplades celtes et gallo-romaines, ont été trouvés. Ils témoignent d’une intense activité humaine autour d’un habitat lacustre sur les marais qui couvraient l’essentiel de la superficie du bourg.

Celte, gauloise et romaine jusqu’en 445, puis franque, la cité harnésienne traverse les siècles non seulement au rythme des invasions, des dévastations et des occupations, mais également au rythme des modifications climatiques qui génèrent un environnement tantôt sec, tantôt humide.

Le territoire de Harnes, enclavé sous la juridiction de Lens, s’octroie très tôt une identité politique spécifique. Il devient, dès 628, le chef-lieu de plusieurs bourgades dont Loison et Annay. Au cours des siècles, la cité rurale tint sa richesse des céréales, notamment le lin dont on tirait l’huile. D’où les lieux-dits consacrés de « Grand Moulin », « Petit Moulin », « Moulin Pépin »

Son destin bascule, comme celui de l’Artois, à la faveur du rattachement de la province au comté de Flandre (877), et surtout lors de la donation des droits au fisc et la terre de Harnes à l’abbaye de Saint-Pierre de Gand.

Le nom de Harnes (1110) émane d’un mot flamand signifiant marais, le village étant jadis recouvert d’eau en très grande partie. Évangélisée par Saint Martin (334), la ville subit ensuite les invasions barbares avant de tomber sous la tutelle de l’abbaye de Gand, dépendance qui ne prendra fin qu’avec la Révolution.

La révolution de 1789 est vécue intensément. Sur cette terre, où Robespierre avait de la famille, tous les habitants prêtent serment à la République, et jamais ils ne se renieront.

Un nouveau souffle : le charbon !

Au XIXème siècle, la découverte du charbon évite un exode rural qui paraissait inéluctable. Une nouvelle aventure, industrielle et sociale, débute alors. La cité se développe et accueille une main d’œuvre cosmopolite, très tôt sensible aux idées progressistes. Harnes, dans le giron des mines de Courrières, devient un terreau contestataire et le fief d’un anarcho-syndicalisme très actif.

Harnes sous les guerres

Survient la Première Guerre Mondiale. La population est contrainte à l’exode car les troupes allemandes occupent totalement la ville. En 1918, de Harnes, il ne reste plus que des ruines. L’exploitation minière reprend grâce à l’apport d’une population nouvelle, immigrée et qualifiée, notamment d’origine polonaise, venant des mines de Westphalie.

Les Harnésiens, de retour d’exil, retroussent ainsi leurs manches et reconstruisent leur ville près du terril, à l’ombre duquel ont grandi nombre d’enfants de mineurs français, polonais, maghrébins, italiens… « Au fond, tout le monde était noir », avaient coutume de dire les anciens pour montrer leur solidarité quelles que soient les origines.

Harnes revit, se développe et connaît à nouveau la prospérité à l’ombre de ses deux puits d’extraction, les n°9 et n°21. Durant la Seconde Guerre Mondiale, les mineurs seront les premiers à prendre les armes contre l’envahisseur nazi. La ville devient alors l’un des hauts lieux de la résistance.

Charles Debarge, héros national, incarne cet esprit de révolte. Son nom et ceux d’Alfred Delattre, Marcel Delfy, André Lefebvre, Henri Gouillard, Moïse Boulanger, Germinal Beudot, Henri Derache, Benoît Buysse, André Dumoulin, Aline Delattre, Raymonde Debarge, Emilienne Mopty, Esher Brun, Mireille Michel ou la très jeune Bella Mandel, Claude Fournier resteront gravés à jamais dans notre mémoire collective. Ce premier réseau de résistance s’attaque à l‘occupant. Sauvagement démantelé, il sera suivi d’une deuxième vague qui paiera également un lourd tribut à la libération de la cité.

L’après-guerre : reconstruire…

L’après-guerre est marqué par le travail (la bataille des 100 000 tonnes de charbon), par des luttes syndicales puissantes mais également par une vie associative très intense.

En parallèle, alors que l’arrêt de l’exploitation du charbon est décidé et que la fermeture des puits, respectivement en 1966 et en 1973, est déclarée, les Harnésiens, ceux de la terre et ceux du dessous anticipent conjointement et créent, au bord du canal, sur des terrains agricoles, la plus grande zone industrielle de l’arrondissement (Motte au Bois). À ce jour, elle compte quelques 25 entreprises et plus de 2000 personnes, la compétence économique ayant cependant été reprise, depuis 2000, par la communauté d’agglomération de Lens-Liévin.

D’un autre côté, il aura fallu une trentaine d’années pour reconquérir l’environnement et les friches laissées par les Houillères.

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