Haramont est un village du Valois, situé à 4 km de Villers Cotterêts, sorte d’enclave au milieu de la forêt de Retz au début d’un vallon. Le motif de son implantation semble lié à l’existence de nombreuses sources qui descendent les pentes de cette forêt. Le point d’eau et la proximité des champs fixent, là, des tribus de chasseurs et de forestiers.
Son existence est certifiée, en 1150, dans un diplôme de la Bibliothèque Nationale qui réglemente le partage des oblations entre les gens d’église de Pierrefonds, le curé et les religieux de Saint-Sulpice. Le village apparaît alors comme une paroisse dotée déjà d’une église ; on retrouve le nom de son curé, Herchambald, dans un cartulaire de l’Abbaye Saint Médard de Soissons en 1192.
Hari-Mons, Haraldi-Mons ou Mont de Harald correspond vraisemblablement au nom du premier possesseur du domaine. Haramont figure sur la carte de Cassini dans son orthographe actuelle.
Antérieurement, on ne possède que peu de renseignements sur les peuplades du début de notre ère : tribus de chasseurs ou de forestiers gauloises. Par contre nous sommes certain que la route du Faîte qui limite la commune au nord était une voie romaine où sont passées les troupes se rendant vers le nord.
Les Comtes de Valois dominent cette région et favorisent l’éclosion des centres monastiques : ordres des Cisterciens à Longpont en 1132, des Prémontrés à Lieu Restauré en 1131 ; à Haramont les Fontévristes créent l’Abbaye de Longpré en 1184. Par ailleurs, Charles de Valois administre juridiquement et établit des contrats avec les habitants pour l’usage de la forêt alentour ; ainsi dans le Bois d’Haramont situé au nord et le Bois de Selve situé à l’est, est règlementé le droit d’usage de bois mort, de bois sec ou vert ainsi que l’utilisation de pâturages.
Des combats acharnés et incessants mettent aux prises les Anglais et les Bourguignons d’une part, les troupes royales et les Armagnacs d’autre part, et apportent beaucoup de misères dans la région, auxquelles s’ajoutent les épidémies, les famines et les ravages des loups.
L’enjeu de cette guerre est de dominer le Valois pour être maître de la vallée de l’Oise et de l’Ile de France. De plus le Valois est le fief du duc d’Orléans qui y a fait édifier les châteaux Forts de la Ferté Million, Pierrefonds, de Vez et de Montépilloy (proche de Senlis).
Tous ces ravages ruinent les communes telles Largny, Bonneuil et Haramont qui créent des empiètements territoriaux, nécessitant, en 1401, la révision contradictoire des propriétés : celles de Longpré, de Jean de Vez, de Jean Poullet, seigneur d’Eméville, de Colard le Messager, des Fossés.
apparaît la mention du Seigneur Jean d’Haramont, écuyer et vassal des Comtes de Valois. On soupçonne sa résidence au Château Gaillard, près de l’église, mais il n’en reste qu’un Lieu dit.
la Cour établie à Villers-Cotterêts vient chasser dans la forêt. Louis XII crée, en 1507, le grand parc, certains de ses murs seront édifiés jusqu’à proximité du village.
La chasse aux oiseaux de proie étant fort prisée, le monarque fait installer sa volière au hameau de Selve, parcelle antérieurement défrichée par les haramontais. Les vols se déploient vers les étangs de la ramée où les Grandes dames attendent le spectacle.
Henri IV en promenade vers la fauconnerie y laissera une anecdote truculente.
ruinent les monastères, ceux-ci vendent une partie de leurs biens qui seront rachetés par les Seigneurs. Ainsi le domaine des Fossés s’agrandit aux dépens de Longpré.
sont des époques de calme, on ne retrouve que des histoires de revendications de nature domestique. Les dames de Longpré se portent contre leur spoliateur. Nombre d’ecclésiastiques, nobles et gens du peuple s’affrontent devant les tribunaux, révélant des procédés équivoques d’acquisition de biens ; ainsi le curé d’alors avait escompté, par suite d’attributions et d’achats, se créer un véritable fief qui, disait-il, ne dépendait que « de Dieu et du soleil levant ». Il meurt en 1717.
Durant cette période, les Haramontais doivent encore défendre leurs droits d’usage toujours remis en cause, sans lesquels ils ne peuvent subsister, mais les conventions anciennes seront respectées. Ils pourront ainsi satisfaire aux redevances vers le duché de Valois et payer la taille du Roi.
La juridiction qui relevait du prévôt de Crépy siégeant à Vivières depuis1309, est rattachée à Villers-Cotterêts en 1703.
cette période ne semble pas avoir provoqué de changement dans la vie quotidienne des Haramontais. Cependant, la paroisse devient une commune qui sera administrée par le curé Nanteuil qui a prêté tous les serments civiques. Elu par les habitants il reste à son poste de 1791 au lendemain de Noël 1793, jour où l’église est interdite au culte. Non persécuté, il revient au début de 1794 et reprend, en secret, les baptêmes comme en témoigne son registre particulier conservé à l’Evêché. Il est autorisé à reprendre le culte le 1er mars 1795 et décède au village en 1817.
Les Religieuses de l’abbaye de Longpré sont expulsées en 1791 et le domaine vendu.
Le château des Fossés est également vendu.
sous le Premier Empire la population d’Haramont poursuit ses activités traditionnelles à la fois agricoles et forestières, mais on assiste à un essor considérable de la vannerie. De nouvelles constructions, l’augmentation de la population sont constatées ; le nombre de « feux » passe de 75 à la Révolution à 142 à la fin de ce siècle.
Ces transformations de la commune sont liées à la création de la ligne de chemin de fer La Ferté-Millon / Compiègne ; la gare du village est inaugurée en 1878, ce qui permet des échanges plus faciles notamment pour la vannerie. Elles sont liées également à la construction d’une école ouverte en 1881. Ce bâtiment abrite l’Ecole et le logement de l’Instituteur ainsi que la Mairie.
est marqué par deux guerres et ses conséquences sur les activités locales. En 1914-1918, Haramont est proche du front et Villers-Cotterêts est bombardé. Des compagnies des régiments prennent leur cantonnement dans les carrières de la vallée de Baudrimont. Le village paye un lourd tribut humain, trente-neuf Ramoniots ne reviennent pas. L’activité reprend malgré les difficultés socioéconomiques des années d’après guerre.
En 1939-1945, ce sont essentiellement l’exode et l’occupation du village du fait qu’une partie de la forêt est interdite car devenue réserves de munitions.
Après la libération la mécanisation de l’industrie, l’apparition de nouveaux produits et de nouvelles techniques touchent la vannerie qui disparait progressivement.
Les villageois iront chercher du travail dans les villes avoisinantes.
Sources : Bernard ANCIEN ; Archives de l’Aisne.