Etaples

Sur l’emplacement occupé par la Ville d’Étaples-sur-mer aujourd’hui, la présence humaine est attestée dès la Préhistoire. Les outils retrouvés sur le site de Bagarre (vers – 240000 ans) permettent d’imaginer la vie de ces chasseurs nomades, Néandertal, puis Cro-Magnon, qui suivaient et piégeaient les animaux tels que les rennes, les aurochs, les mammouths. Experts en taille de silex, ils savaient également manier le feu, coudre le cuir, travailler l’os et le bois.

Au Néolithique, les hommes s’installent dans des villages (des structures ont été retrouvées sur le site des Sablins vers – 3700 ans). Ils exploitent les ressources de la mer dont le niveau a remonté en raison de la fonte des glaciers et vivent de l’agriculture et de l’élevage.

La découverte de la métallurgie, vers 200 avant Jésus-Christ, apporte un changement de mode de vie important : les outils en bronze, puis en fer, plus solides, sont reproduits à volonté grâce aux moules de fabrication. À la même époque, l’exploitation du sel de mer, importante monnaie d’échange, leur apporte une source de revenus non négligeables. On trouve à partir du Hallstatt, à l’Âge du fer, de nombreux sites prouvant l’installation des Gaulois sur la côte et dans les dunes bordant le nord-ouest de la Ville d’Étaples-sur-mer.

Après la conquête des Gaules par Jules César en 57 avant Jésus-Christ, l’influence de la civilisation romaine est visible à Stapula, qui est le nom antique d’Étaples-sur-mer, par une urbanisation plus développée (routes, édifices dont les fondations sont en pierre) ; plusieurs agglomérations (vicus) apparaissent sur le site actuel de la ville. Durant la «Pax Romana» le commerce est florissant : les fouilles ont dégagé de fins vases noirs décorés, de belles poteries sigillées rouges, des fibules qui servent à fixer les vêtements, des bijoux de verre ou d’ambre ainsi que des épingles en os.

À cet âge d’or du port antique, situé à l’embouchure de La Canche, succèdent une période de troubles et la disparition progressive des structures de l’Empire. Le port est victime de l’invasion des Vikings danois attirés par la richesse du port voisin Quentovic (IXe siècle).

Aux Xe et XIe siècles, Étaples-sur-mer est sous domination flamande. Le port marchand va bénéficier de cette prospérité. En 1172, Matthieu d’Alsace, comte de Boulogne y construit une forteresse. À la suite du mariage le 28 avril 1180 de Philippe Auguste et d’Isabelle de Hainaut, cette dernière ayant reçu pour dot l’Artois et le Boulonnais (Staple compris), ces provinces retournent à la France.

Au Moyen Âge, le port d’Étaples-sur-mer est une escale maritime pour le cabotage et le bornage à la voile. Le port forme en cas de gros temps un abri permettant aux navires de mettre leur cargaison en sécurité, ainsi que les passagers et équipages. Des voyageurs vers l’Artois ou l’Angleterre, des pèlerins y transitent. La pêche de poissons frais, grâce à de petits bateaux, est une activité déjà recensée.

La Guerre de Cent Ans (1337-1453) n’épargne pas Étaples-sur-mer. En 1346, les Anglais incendient la ville en revenant vainqueurs de la bataille de Crécy ; en 1355, le duc de Lancastre la pille. Étaples-sur-mer subit des sièges en 1351, 1378 et 1435.

En 1455 et 1546, elle est à nouveau détruite par les flammes.

Signé le 3 novembre 1492, le traité d’Étaples-sur-mer entre Charles VIII et Henri VII d’Angleterre est le premier traité entre la France et l’Angleterre depuis la fin de la guerre.

En 1450, le philosophe, mathématicien et théologien Jacques Lefèvre naît à Étaples-sur-mer. Il s’illustre notamment par la traduction de la Bible.

Lors de la réunion diplomatique près de Calais entre François Ier et Henri VIII d’Angleterre (Camp du Drap d’Or), le roi français séjourne au château d’Étaples-sur-mer le 27 juin 1520. Louis XIV y fut reçu le 26 mai 1637. Le château fut démantelé en 1641.

La Révolution française n’eut pas de conséquences funestes pour la ville administrée par sa municipalité révolutionnaire et la société populaire.

De 1803 à 1805, Napoléon Bonaparte caresse le projet d’envahir l’Angleterre. Dans son plan, l’attaque doit partir du camp de Boulogne pour débarquer à Douvres. La flottille est composée de 7 escadrilles ; deux d’entre elles sont stationnées à Étaples-sur-mer, quatre à Boulogne, une à Wimereux. Napoléon considère que les bateaux seront protégés de toute attaque ennemie dans ce port de refuge, accessible en suivant un chenal de navigation. Ainsi, du début 1804 à octobre 1805, Étaples-sur-mer a pu accueillir jusqu’à 350 bateaux (de guerre et de transport confondus). Le projet fut abandonné et les flottilles quittèrent les ports.

La ville se développe rapidement à partir de la fin du XIXe siècle. Elle bénéficie de la construction de nombreux équipements. Une première gare est d’abord construite en 1847 pour l’ouverture de la ligne Amiens-Boulogne en 1848 ; en 1875, elle est remplacée par une seconde gare commune aux deux lignes (une seconde ligne joint alors Étaples-sur-mer à Arras). Divers travaux sont entrepris dans le port d’Étaples-sur-mer : un quai en charpente est construit en 1847 ; il est prolongé par un quai en maçonnerie de 100 mètres en 1880-1882 puis de 100 mètres en 1896-1897. Deux phares sont installés en 1852 pour signaler l’entrée du port ; des travaux sont entrepris pour le redressement du chenal et pour limiter l’ensablement. Un pont sur La Canche  est construit en 1860. La halle aux poissons ouvre en 1874. La population étaploise atteint 1 691 habitants en 1831, 3 342 en 1886, 5 823 en 1911. Au début du vingtième siècle, près de cent bateaux  de pêche accostent à Étaples-sur-mer.

À la fin du XIXe siècle, plus de deux cents artistes de toutes nationalités (anglais, australiens, allemands, écossais, américains…) découvrent la ville d’Étaples-sur-mer et les localités voisines et décident de s’y poser, pour un temps plus ou moins long. La «colonie étaploise» connaît son apogée entre 1880 et 1914. Les paysages, les lumières et le pittoresque de la Côte d’Opale enchantent les artistes. Ce mouvement artistique sera interrompu par la Première Guerre mondiale. Eugène Chigot, tête de file, met en place un salon le 7 août 1892. La «Société des amis des arts» rassemble 45 artistes, 83 toiles, 12 dessins, 7 sculptures. Ce salon se tiendra à Étaples-sur-mer jusqu’en 1900, puis au Touquet jusqu’en 1914.

Étaples-sur-mer accueillit au cours de la Première Guerre mondiale un camp britannique. En raison de sa position stratégique, la ville est le centre d’une zone logistique de première importance pour les forces britanniques qui y entraînent leurs soldats et les soignent à leur retour du front. Très vite, avec les premiers décès, il fut nécessaire de construire un cimetière.  Les premières funérailles eurent lieu le 13 mai 1915. Le cimetière fut ensuite agrandi jusqu’à atteindre six hectares : c’est le plus grand cimetière militaire du Commonwealth en France. 10 729 sépultures de soldats de l’Empire britannique y surplombent La Canche, ainsi que 658 tombes de soldats allemands, celles de quatre infirmières tuées lors des bombardements aériens en 1918 et la tombe d’un ouvrier chinois. Toutes les forces de l’Empire britannique engagées dans le conflit y sont représentées : Anglaises, Écossaises, Canadiennes, Africaines du Sud, Australiennes, Néo-Zélandaises, Indiennes… La ville d’Étaples-sur-mer reçoit la Croix de guerre.

L’entre-deux-guerres vit la construction de l’Usine Saint-Frères en 1920 et du second pont sur La Canche pour remplacer le premier construit en 1860. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Étaples-sur-mer connaît l’occupation allemande. Elle est à nouveau la cible de bombardements, cette fois  par les avions anglais dans le but de détruire les points stratégiques et les infrastructures. Les nombreux bombardements anéantirent des quartiers entiers, ainsi que les ponts traversant La Canche et même l’église Saint-Michel construite au XIIIe siècle. Avant de quitter la ville, les Allemands complétèrent ces destructions en faisant exploser le quai et en coulant les bateaux de pêche dans La Canche pour constituer un barrage. Après la Libération, l’église, les ponts, le quai seront reconstruits. La ville d’Étaples-sur-mer recevra à nouveau la Croix de guerre.

Le nombre de bateaux de pêche accostés au port d’Étaples-sur-mer diminua progressivement après la Première Guerre mondiale ; le mouvement s’accéléra après le second conflit. La halle aux poissons est abandonnée, les pêcheurs partent progressivement accoster au port de Boulogne…

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