La commune de Bruay-la-Buissière, qui il y a vingt années avait pour nom « Bruay-en-Artois », a connu un développement spatial et démographique fulgurant en l'espace d'un demi-siècle.
Les étymologistes donnent sur la signification du nom de Bruay des origines différentes mais toutes se rapportent à l'eau. Le teuton "Brug" - "Bruch" signifie pont mais "Broeck" en flamand signifie marais. Si Bruay comme Bruch, comme "Bridge" en anglais, signifie pont, nous pouvons donc admettre que Bruay veut dire ville sur l’eau ou près de l’eau.
Un petit cours d'eau qui serpente dans une vallée, des plateaux et des pentes couvertes de forêts. Dans ce paysage sauvage, quelques constructions apparaissent, au bord de la rivière : BRUAY est né. A quelle époque ? Comment ? Aucun écrit ne le révèle.
Agglomération de huttes autour d'un château fortifié, d'une abbaye ou d'une villa gallo-romaine ? Aucune de ces hypothèses ne peut être .spécialement retenue, en l'absence de preuves matérielles. Un seul fait sérieux : l'existence de moulins à eau paraît être la fixation des habitations par la rivière. La récente découverte du «village des potiers» à LABUISSIERE est la preuve incontestable que notre région, alors bien plus boisée que de nos jours, a été habitée par des tribus gauloises dès le premier siècle. après Jésus-Christ. Avant cette découverte, différents vestiges avaient été mis à jour dans les communes voisines ; c'est ainsi, par exemple, que l'on a trouvé à Bruay une grande amphore de quatre-vingts centimètres de haut.
Dès lors, il est possible de penser que, déjà, à cette époque, un hameau existait à l'emplacement de notre commune. Hormis ces suppositions, l'histoire de BRUAY est inconnue jusqu'au XIIe siècle.
Bien qu'un document authentique datant de 975 mentionne le nom de Bruhaium, il faut attendre 1127 pour que des précisions sur le village apparaissent régulièrement dans les écrits.
«En 1127, Robert, évêque d'Arras, confirme au prieuré de Saint-Pierre d'Abbeville la propriété de l'autel de BRUAY dont Evrard de Houdain .s'était emparé. La possession de l'autel de BRUAY demeure accordée à l'évêché d'Arras, en 1152, par le pape Eugène III ».
(Bruay-en-Artois - Études historiques par A. Fortin).
Au début du XIIIème siècle, divers fiefs (1) partagent le territoire de Bruay , l'un des plus importants appartient aux seigneurs de Béthune qui s'efforcent, tour à tour, de grouper leurs propriétés autour de leur domaine propre. C'est ainsi que, de 1202 à 1224, plusieurs actes mentionnent des échanges de rentes, prélevées à BRUAY, entre les successifs a seigneurs de Béthune et de Bruay » et d'autres feudataires (2).
On y relève les indications et les noms suivants
- en 1202, Quesnes de Béthune vend une rente qu'il percevait à Bruay de son frère Guillaume, seigneur de Béthune ;
- en 1218, Daniel, seigneur de Béthune, cède plusieurs rentes prélevées à Bruay ;
- en janvier 1221, le même Daniel confirme la dotation d'une chapelle, fondée à La Buissière par son grand-père Robert Le Roux, seigneur de Béthune et de Bruay ,
- en 1224, le sire Daniel achète à Guillaume de Kaieu, seigneur de Carenthy, tout ce qu'il possède à Bruay.
Les comtes de Flandre deviennent ensuite propriétaires de la plus grande partie de ces domaines jusqu'en1254.
A cette date, Mahaut, dame de Béthune et femme de noble homme Guy, Comte de Flandre», cède, pour paiement les biens d'une dette, à Simon le Petit, citoyen d'Arras, qu'elle possède à Bruay.
D'autre part, en 1272, Robert, fils aîné du Comte de Flandre, sire de Béthune, assigne aux échevins de cette ville ses quatre villes de Béthune, La Gorgue, Richebourg et Bruay, en garantie d'une somme qu'il leur doit ; il renouvelle cet engagement en 1280 et 1295.
Au début du XIVème siècle, Philippe Le Bel, à la suite de sa victoire sur les Flamands à Mons-en-Pévèle (1304), reprend la Flandre. De ce fait BRUAY se trouve bientôt rattaché à l'Artois puis à la Bourgogne.,
Le seigneur de Béthune reste toujours le feudataire le plus important d'abord, par Dame Mahaut, Comtesse d'Artois par la mort de son oncle en 1302 et qui avait épousé Othon IV, Comte de Bourgogne.
Après la mort dramatique de la Comtesse Mahaut, due certainement à une empoisonneuse, Jeanne de Divion l'Artois échoit à sa petite-fille Jeanne, mariée à Eudes IV, Duc de Bourgogne.
En 1363, Jean le Bon remet en apanage le Duché de Bourgogne à son quatrième fils Philippe, et les ducs bourguignons de la branche des Valois deviennent pour plus d'un siècle seigneurs de Bruay.
Toutefois, à côté du puissant personnage qu'est le seigneur de Béthune (et de Bruay), il existe toujours d'autres feudataires, dont certains, comme Wuillaume d'Arras, bailli de Lens en 1348, se font appeler a Sire de Bruay ». (Archives départementales - .série A 84).
Pendant ce temps, le village se développe presque uniquement sur les bords de la rivière, se consacrant surtout à la culture, comme l'attestent la faible étendue des pâturages et l'existence de plusieurs moulins. Des bots nombreux encore s'étendent autour du village. La faune, comme celle de la Lawe d'ailleurs, en est beaucoup plus riche que de nos jours.
Si nous en croyons les comptes des receveurs de Béthune, des loutres sont fréquemment capturée? sur les bords de la rivière, de nombreux chevreuils vivent
dans les bois et il arrive même que des aigles y soient abattus.
Le village va connaître a La guerre des cent ans » , en juin 1380, une des armées anglaises, sous les ordres du 'Duc de Buckingham, loge à Bruais-les-Buissières. Heureusement, en cette période de troubles, Bruay possède un hôpital dont l'existence est signalée dès 1317 ». (Archives départementales A 350).
Depuis Longtemps il n'y a plus de seigneur résidant à Bruay, l'ancienne forteresse qui avait soutenu de nombreux sièges à été détruite probablement par Les anglais pendant La guerre de Cent ans.
On peut estimer que le village est resté un demi-siècle au moins dans Le plus complet désordre. Cependant il était propre à devenir d'un moment à l’autre l'apanage de quelque riche et nouvel anobli en quête de domaine.
Tandis que s'achève ce long conflit, un événement très important se produit : un nommé Gui Guilbaut, dont les origines sont mal connues mais qui occupe de hautes fonctions à la Cour du Duc de Bourgogne, obtient de ce dernier l'autorisation de se créer une seigneurie importante à Bruay en réunissant six fiefs.
Philippe LE BON, par Lettre datée de Gand en janvier 1430, les réunit en un seul fief au profit de Guy GUILBAUT. Guy GUIBAUT devint alors le véritable et seul suzerain de notre village. IL fit alors construire le "château de Bruay", entre les deux bras de La rivière "La Lawe". Le terrain n'offrant pas assez de résistance, le château est construit sur pilotis et sur cuir.
Si nous en croyons le père Ignace qui en fait une description dans .ses Mémoires (tome V, page 612), le château comportait à l'origine 12 tours, 52 portes, 365 fenêtres.
Après la mort du .dernier Duc de Bourgogne, Charles le Téméraire, en 1477, Bruay suit le sort de l'Artois et se Prouve sous domination autrichienne jusqu'en 1556, puis devient possession espagnole jusqu'au traité des Pyrénées en 1659.
Au XVIIe siècle, l'agglomération ne se développe guère et reste un petit village sans grande histoire jusqu'à la fin du XIXe siècle, fort peu touché par les divers événements qui se déroulent en France.
Si la forteresse de Bruay eut à se défendre contre toutes sortes d'assaillants, Le château que fit construire Guy GUILBAUT n'eut pas meilleur destin. Il fut maintes fois démoli et rebâti. . Il ne reste aujourd'hui aucun vestige de cette époque, seule une tour de l'ancienne ferme du château que l'on appelle "La Tour de Lambres ( rue Cail) .
A la mort de Guy GUILBAUT, le château et ses dépendances devinrent la propriété de son gendre BAUDUIN DONGNIES . IL restera dans la maison DONGNIES jusqu'en 1527, époque où un DONGNIES échangea le château et la terre de Bruay contre Mery dans l'Oise appartenant aux RENTY.
Les RENTY en restèrent propriétaires jusqu'en 1585, époque où Marie de RENTY épouse Gaston SPINOLA, prince italien.
La maison de SPINOLA conserva Le château et ses dépendances pendant 126 ans. GabrieL SPINOLA ayant été tué au siège de Douai en 1712 et ne laissant aucune descendance directe, ses héritiers se disputèrent âprement la possession de Bruay. Après un procès qui dura 18 ans, Le parlement de Paris l'adjugea en 1730 à NicoLas d'ARBERG qui le vendit quelques années plus tard au cadet de la famille de NEDONCHEL. Cette famille conserva le domaine jusqu'à la révolution.
En 1789, Le seigneur de Bruay, le marquis de NEDONCHEL émigre en Belgique. Le château abandonné est livré au pillage et à la démolition.
Le colonel de la garde nationale de « Boisgerard « achète une partie des pierres pour la construction de son château de Bouvigny-Boyeffles. Les ruines du château étaient encore visibles à la fin du XIX é siècle. Malgré les efforts faits pour les sauver, les affaissements dus aux travaux miniers ne le permirent pas. Des remblais furent nécessaires pour maintenir le niveau d'écoulement des eaux de la rivière, dans la traversée du village. Ainsi disparut à jamais le château de Bruay.
Rien ne prédisposait donc ce village de Bruay à connaître un essor qui propulserait la commune, cinquante ans plus tard, au même rang démographique que la ville de Béthune , exceptés les caprices de la géologie .
La découverte de la houille, en 1852, va bouleverser complètement son existence.
Les premiers mineurs s'installent en 1853. Le village qui avait 500 habitants en 1792, 712 en 1853, devient rapidement une ville qui compte 18.363 habitants en 1911 et 30.125 en 1936 ; cet accroissement rapide permet à BRUAY de devenir une des plus importantes communes du département.
Malgré une exploitation tardive, la ville bénéficie d'un site favorable au développement économique. Alors que le charbon est découvert à Anzin (Nord) dès la première moitié du XVIII é siècle (1734), ce n'est qu'en 1855 que l'exploitation du charbon débute à Bruay.
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