« C'est à la porte de "La Triboulette" que Mélaine reconnut un jour son père, pour la première fois, parmi ceux qui venaient de boire. L'enfant eut alors un mouvement de peur ; et peut-être de honte : « Hilaire sortait de "La Triboulette", en se passant la langue sur les lèvres encore blondes d'un ourlet de mousse... » Une partie du décor est planté. Au moment où sont publiés les Carnets d'enquêtes de Zola, voici les souvenirs d'un Galibot (apprenti mineur de moins de dix huit ans, selon Larousse), Mélaine, dans les années 50.
La réalité de la mine, après guerre, a peu changé depuis Germinal : univers des corons, atmosphère de moiteur et de suie, vie quotidienne parfois dramatique. Mais René Berteloot ne succombe jamais au misérabilisme. Mélaine est un récit écrit "à l'encre violette" avec la force, la naïveté et le talent d'un authentique ancien mineur qui, aujourd'hui, se souvient et raconte. Les personnages et les paysages qui composent son univers, les parents, la grand-mère, l'instituteur, les compagnons et le cadre de la mine, sont remarquablement décrits.
Et, au-delà du récit autobiographique, apparaissent les caractères et la destinée d'une génération, qui incarne déjà une mémoire collective de cette région du Nord Pas-de-Calais.
René Berteloot
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