Compiègne

Enchâssée dans une forêt majestueuse, Compiègne fut la demeure de la plupart des rois et empereurs français.

Coincée entre le cours d’eau et la forêt, espace préservé, Compiègne ne peut s’étendre aujourd’hui qu’en s’allongeant vers le nord et vers le sud, le long de l’Oise.

Une cité royale

Des mérovingiens jusqu’à Napoléon III, rois et empereurs aimèrent à séjourner dans le château de Compiègne. C’est notamment là que fut organisée la légendaire dictée de Mérimée.

Les demeures successives qu’ils y édifièrent furent consacrées au délassement et à la chasse, la cité royale fut totalement reconstruite sous Louis XV. Les armistices des deux dernières guerres y ont été signées.

Création royale elle aussi et terrain de chasse des souverains français, la forêt de Compiègne est l’une des plus belle d’Europe. Réputée pour ses futaies, ce site de 14 000 hectares est peuplé de cerfs, de sangliers et de chevreuils.

Géographie et axes de transports

L’agglomération chevauche l’Oise qui conflue avec l’Aisne (en bas). Ici se termine, venant de Paris, la voie navigable au gabarit européen, accessible aux convois poussés d’une capacité de 4 000 tonnes. On doit la prolonger vers le Nord de la France au début du XXIe siècle. L’axe fluvial se trouve renforcé par l’axe ferroviaire sud-nord menant de Paris à Saint-Quentin, Bruxelles ou la Ruhr.

L’axe routier, dédoublé sur chacune des rives de l’Oise, se relie à l’autoroute A1 quelques kilomètres à l’ouest.

Compiègne doit sa fortune à sa position sur ce grand axe de communication européen mais aussi à son environnement forestier. La forêt vient s’achever aux portes de la cité. La ville s’étend tout entière à l’est de l’Oise tandis qu’à l’ouest se trouvent les communes suburbaines de Margny et Venette, avec leurs entrepôts et leurs usines installées près de la rivière navigable à grand gabarit (voir la taille de l’écluse à l’arrière-plan). Un seul pont les relie au coeur de la conurbation.

Le centre-ville

Le centre de Compiègne apparaît comme une ville basse où dominent les maisons individuelles entourées de jardins. En plusieurs endroits elles ont cédé la place à des immeubles collectifs.

La vieille Cassine

Avec la fin du XVe siècle naît cette « renaissance heureuse » qui succède aux temps troublés de la Grande Peste et de la Guerre de Cent Ans. C’est alors une période d’intense développement économique pour la ville de Compiègne. Le renouveau de la Foire de la Mi-Karesmes en témoigne. Les vins de Bourgogne, les draps des Flandre, les « bestes chevalines » sont alors échangés dans la cité royale, ces marchandises circulant sur l’Oise.
Déjà installés sur les deux rives du fleuve, les Compiégnois peuvent le traverser grâce au pont, dit « de Saint-Louis ». Ses multiples arches, le débit important du cours d’eau, créent cependant à ses abords des remous dangereux pour les bateaux des marchands. Ceci rend nécessaire le recours aux bateliers locaux, les Maîtres du Pont qui dirigent une dizaine de pilotes, ou Compagnons de l’Arche, habiles à ces manœuvres délicates.
Ces derniers sont fédérés en une corporation, qui a son siège dans la « Vieille Cassine », terme qui désigne en picard une maison d’aspect plutôt rustique et vieillot. Elle a conservé ses colombages et ses poutres sculptées.

Sa construction remonte au XVe siècle, même si une aile du bâtiment, pouvant être datée du XVIIe siècle, est postérieure.

Cette corporation des Compagnons de l’Arche est également organisée en confrérie, qui a son siège dans l’église voisine de Saint-Jacques, en la chapelle de Saint-Nicolas, le patron des marins. Ses membres aiment à y suspendre des bateaux en ex-voto.

Ils perdent cependant de leur influence au sein des milieux marchands au XVIIIe siècle, le nouveau pont Louis XV n’ayant plus que trois arches, ce qui diminue de beaucoup les risques liés au passage du fleuve. L’Oise est d’ailleurs canalisé en 1831.
Demeure néanmoins debout cette « Vieille Cassine », témoignage du passé médiéval de Compiègne, tout comme ces voies piétonnes qui ont le charme des quartiers anciens de la ville. Sur la rive gauche de l’Oise, la maison est aujourd’hui un magasin de souvenirs, de « cadeaux ». Elle occupe le 10 de la rue des Lombards, une rue qui rappelle aussi que les marchands ont à cette époque recours à des changeurs, qui pratiquent le commerce de l’argent, l’usure. A la place du Change, on les appelait alors de ce nom devenu générique, en référence aux Italiens, spécialistes de ces transactions dans les foires voisines de Champagne.

L’église Saint-Jacques

Au XIIe siècle, la cité de Compiègne est située sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle. C’est une première étape sur le pèlerinage menant de Bruxelles à Paris et qui précède la Via Turonensis . Cette paroisse, qui est baptisée du nom du saint, située au Nord de la ville, est créée en 1199.
Comme la plupart des cimetières urbains, celui-ci jusqu’en 1785 entoure le monument. Ajoutons que la place voisine, la Cour le Maïeur, est le premier lieu de réunion publique de la commune. C’est un statut accordé par privilège royal, sous Louis VI le Gros, en 1153.
La chronique locale, de même que certains vitraux très colorés de l’église Saint Jacques, retiennent que trois siècles plus tard, le 23 mai 1430, Jeanne d’Arc communia à l’intérieur de ses murs, peu avant sa capture.

La construction de cette église cependant ne commence qu’au XIIIe siècle. Elle s’échelonnera d’ailleurs jusqu’au XVIe siècle. Ainsi, l’original lanternon du clocher est élevé en 1600. L’aspect extérieur du monument est plutôt dépouillé, voire austère.

Son mobilier intérieur cependant fait l’objet de multiples classements, à commencer par son orgue. Le buffet et la tribune tout d’abord en 1907, ainsi que l’instrument par lui-même, plus tard, en 1960 sont inscrits à l’Inventaire des Monuments historiques.
Du règne de Louis XV, où la paroisse obtient les faveurs du roi, subsiste également un riche décor de boiseries et de marbres, qui habillent piliers et murs du monument.

L’église Saint-Antoine

Comme pour sa voisine l’église Saint Jacques, la chronique locale retient que Jeanne d’Arc vint prier quelques jours durant, du 18 au 23 août 1429, dans l’église Saint Antoine, accompagnant le roi Louis VII après son sacre à Reims, le 17 juillet précédent. Peu avant sa capture par les Bourguignons qui assiégeaient la ville, elle séjournera ensuite dans une maison voisine du monument.
Dans les années qui précèdent, celui-ci, alors en construction, bénéficie des largesses du cardinal Pierre d’Ailly (1351-1420), alors recteur de l’université de Paris et archevêque de Cambrai, en même temps que savant. Il est d’ailleurs l’auteur de l’ Ymago Mundi , qui inspira au navigateur Christophe Colomb son envie de traverser le grand océan en 1492.

Plus tard encore, l’église verra les Carmélites de Compiègne se réfugier non loin de ses murs. Du mois de septembre 1792 jusqu’en octobre 1793, les religieuses se cachent dans trois habitations voisines, dans la paroisse Saint Antoine. Arrêtées le 22 juin 1794 et transférées à Paris, elles sont ensuite exécutées le 17 juillet, avant la chute de Robespierre. Une histoire qui inspirera à Georges Bernanos son célèbre Dialogue .

L’église par elle-même est construite du XIIIe au XVIe siècle. De cette période de la Renaissance heureuse, elle conserve une façade ornée d’une imposante rosace, son chœur et son chevet. Cet ensemble élégant est étagé d’une balustrade ajourée et finement sculptée de style gothique flamboyant.
Avec la déchristianisation de l’An II, l’église de la paroisse Saint Antoine de Compiègne est transformée en magasin à fourrage. Et sous la Révolution donc, son décor intérieur disparaît. Il sera reconstitué grâce à la réunion du mobilier qui subsiste alors des communautés religieuses voisines, des dalles funéraires d’époque gothique notamment.

L’histoire de Compiègne porte le poids des deux guerres mondiales.

Du 5 avril 1917 au 25 mars 1918, le général Pétain installe au château son quartier général où se tiennent plusieurs conférences interalliées.
Le 11 novembre 1918, en forêt domaniale de Compiègne, dans un wagon au milieu d’une futaie, à proximité de Rethondes, l’armistice entre la France et l’Allemagne est signé, en présence du maréchal Foch et du général Weygand.

Le 22 juin 1940, dans le même lieu, aménagé entre-temps en clairière, dite clairière de Rethondes ou clairière de l’Armistice, et dans le même wagon qu’en 1918, l’armistice entre la France et l’Allemagne est signé. La France est représentée par une délégation présidée par le Général Huntziger, et l’Allemagne est représentée par le maréchal Keitel. Adolf Hitler et de nombreux dignitaires allemands se sont déplacés la veille, jour inaugural de la négociation d’Armistice.

Durant l’Occupation, de juin 1941 à août 1944, les nazis avaient installé un camp de transit et d’internement à Royallieu. Le premier train de déportés politiques avait quitté le camp de Royallieu pour celui d’Auschwitz, le 6 juillet 1942. À cet endroit, le Mémorial de l’internement et de la déportation a été inauguré le 23 février 2008.

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