Lorsqu’il n'était encore qu'un étudiant en théologie, le Père Léonce de Grandmaison souhaitait qu'en tête de chaque traité, le professeur fît un exposé historique pour situer la doctrine de l’Écriture et des Pères, les erreurs et leur condamnation par le magistère, ramenant ainsi à leur vraie place les spéculations parfois envahissantes des théologiens. Celui qui fut le maître et l’ami du Père Pierre Rousselot n'entendait nullement par là minimiser le rôle de la réflexion et de la recherche spéculative en théologie dogmatique. Il cherchait seulement à réconcilier « théologiens positifs et théologiens scolastiques » en les orientant vers les problèmes de méthode.
Cinquante ans ont passé et, la tourmente moderniste une fois apaisée, théologiens, exégètes et historiens du dogme ont rivalisé d’ardeur pour nous mettre en main des instruments de travail. L'histoire du dogme de la Trinité a été commencée de main de maître par le Père Lebreton. M. Rivière nous a donné sur la Rédemption une étude remarquable qui rend aux professeurs de théologie dogmatique de précieux services. Cependant, il nous manque encore une histoire de la théologie de la grâce et telle est l'ampleur de la tâche que je doute de la voir écrite d’ici longtemps.
Je me hasarde à en donner aujourd'hui une simple esquisse, laissant à d’autres le soin de la refaire ou de la reprendre en partie. Telle quelle,elle pourra rendre service aux théologiens et je souhaite qu’elle invite à la recherche ceux qui s'intéressent à l'histoire du dogme. Sans émettre la prétention d'avoir ordinairement travaillé de première main, j’ai cru bon de multiplier les références précises. Mais encore une fois j’ai moins songé aux analyses de détail qu'à une vue d’ensemble sur le développement de la théologie de la grâce.
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Henri Rondet
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