En avril 1885, de nombreux Lillois se rendirent à l'Hôtel de ville "en foule sympathique et pleine d'admiration" afin d'y voir l'exposition des 64 tableaux donnés à la ville par Antoine Brasseur (1819-1886). Un an plus tard, ce dernier décédait à Cologne. Son corps fut rapatrié et Brasseur eut droit conformément au voeu de la municipalité à des obsèques solennelles dans la capitale des Flandres. D'origine modeste, Antoine Brasseur avait attiré la sympathie de ses compatriotes et connut une postérité littéraire bienveillante : le chansonnier Desrousseaux lui consacra une "chanson biographique" tandis que la femme du sculpteur Gustave Crauk -auteur du buste en marbre du donateur- publiait sa biographie chez l'éditeur Danel : Antoine Brasseur - Histoire de sa vie (1887).
Dès 1834, Brasseur s'associe avec un certain Henri de la Motte, dont le frère Frédéric était banquier à Cologne, dans une entreprise d'achat-restauration-vente de tableaux. En 1837, ayant "à peu près épuisé l'achat et la vente de tableaux anciens" dans le Nord, les deux associés s'installent à Boulogne-sur-Mer. Brasseur se lance également avec succès dans le daguerréotype. Durant ce séjour boulonnais de neuf années, Brasseur restaura nombre de tableaux pour des amateurs anglais. En 1846-47, Brasseur s'installe désormais à Cologne auprès du frère de son associé ; il y découvre l'école des Primitifs colonais et l'oeuvre de Stephan Lochner. "Lorsque son état sera connu, brocanteurs et amateurs commenceront à lui apporter des peintures anciennes et sa réputation s'établira." Il travaille pour les plus grands musées européens, de Londres à Cologne et à Bruxelles. "La guerre de 1870 est une épreuve morale pour Brasseur. Dès lors il s'attache à l'idée de réunir une collection digne d'être léguée au Musée de sa ville natale." Jules Marmottan, qui vit cette collection sur place en 1878, "amena Reynart à Cologne et encouragea Brasseur à formuler ce testament par lequel il léguait à la ville de Lille tout son avoir."
Cet ensemble, qui comportait des oeuvres importantes de l'école allemande -des primitifs à la première moitié du XVIe siècle-, comblait ainsi une forte lacune des musées français. On y trouvait également des oeuvres des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles.
Grands noms, grandes figures du Musée de Lille
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