Écrire le picard au féminin : Gisèle Souhait a tenté l’aventure. Arrivée en 1972 à Francières, sa curiosité l’a poussée à entrouvrir la porte des Picardisants du Ponthieu et du Vimeu à Abbeville. Elle y a rencontré des amis, qui ont constitué naturellement une « deuxième famille », comme elle se plaisait à le répéter. Elle s’est installée parmi eux. Elle deviendra ensuite la secrétaire du groupe. Là, pendant une trentaine d’années, elle a régulièrement apporté ses propres pages de picard. Nous dégustons ici « Chés tchots miraques » de Gisèle Souhait. Égrenant des souvenirs de Molliens-au-Bois, où elle a grandi, Gisèle Souhait se promène aussi dans les villages alentours de Bavelincourt, Acheux-en-Amiénois, Saint-Gratien, Pierregot, Harponville ou Mirvaux. Elle nous conduit à la rencontre de célébrités locales à Varennes-en-Croix, Rubempré ou à Molliens même. En contrepoint, elle évoque les figures de ses grands-pères, de son oncle Georges, mort à la guerre 1914-1918 ou de son père, éch marchand d’cochons d’Molien . La guerre encore, la seconde cette fois, Gisèle Souhait l’a vécue adolescente. Par images, de l’éxode de 1940, mêlant le rire à la peur, jusqu’à la Libération de Molliens, un tantinet rocambolesque, elle évoque également l’Opération Jéricho, de février 1944 à laquelle elle a assisté en direct, ou encore la déportation de Rénée, une amie proche. Ces événements la marqueront durablement. Gisèle Souhait ne renonce pas : avec pudeur, elle exprime en picard ces moments forts de sa jeunesse. Écrire en picard, ce fut pour Gisèle Souhait la possibilité d’exprimer sa sensibilité spontanée. Chez elle, approcher les rives de la vieillesse, devient une nouvelle opportunité de goûter la vie. Quant aux petits bonheurs du quotidien, ce sont pour Gisèle la Picardisante , toutes ces graines de « Chés tchots miraques » qu’elle nous invite à partager.
|