Ce catalogue imposant de l'association des conservateurs de la région Nord-Pas-de-Calais fut l'un des premiers, en France, à remettre à ce point à l'honneur la sculpture du XIXe siècle. Il précédait de quatre ans l'exposition du Grand Palais, La Sculpture française au XIXe siècle, qui marqua de manière définitive le revirement institutionnel du goût en faveur de cet art. L'ouvrage s'inscrivait dans cette entreprise de mise en valeur des Trésors des musées du Nord de la France, qui avait débuté en 1970 avec La peinture hollandaise au XVIIe siècle, pour se poursuivre avec La peinture flamande au siècle de Rubens, La peinture française de 1770 à 1830 et La peinture française des XVIIe et XVIIIe siècles. Si le fonds Carpeaux n'avait jamais réellement cessé de susciter études et expositions, notamment sous l'égide d'André Hardy (1924-1982), conservateur au musée des beaux-arts de Valenciennes et auteur, avec Anny Braunwald, d'un rarissime -en 1978!- catalogue des sculptures de Jean-Baptiste Carpeaux à Valenciennes, nombre d'autres fonds de sculptures étaient tombés en déshérence, voués -dans le meilleurs des cas- aux réserves. Occasion d'un travail d'inventaire de grande envergure, cette exposition féconde permit de remettre à jour des ensembles ou des artistes oubliés, tels Gustave Crauk (1827-1905) et Ernest Hiolle (1834-1886) à Valenciennes, Charles Cordier (1827-1905), Emile-Joseph Carlier (1849-1927) et Jules Frère (1851-1906) à Cambrai, le Lillois Henri Biebuyck... et tant d'autres. Quarante ans plus tard, ce catalogue demeure un remarquable outil de travail, mais il est de surcroît devenu un bel objet d'histoire de l'histoire de l'art, emblématique d'une rhétorique réparatrice qui aspirait à "reconstituer le crime", selon l'expression d'un auteur, afin de mieux légitimer ce travail de redécouverte.
De Carpeaux à Matisse
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