Une révélation : ainsi apparut l’œuvre de cet émule anonyme du Caravage, le Pensionnaire de Saraceni, Le Reniement de saint Pierre (XVIIe siècle) à Colette Nys-Mazure, alors qu’elle déambulait dans les salles du musée de La Chartreuse à Douai. Elle s’immisce dans cette scène constitutive des Evangiles, « fascinée par ce dialogue à deux visages et quatre mains ». Elle reconnaît, dans l’effroi de saint Pierre qui a menti, qui a honte, qui a déçu, ses propres démons, ces remords qui marquent l’existence et qui ne cicatrisent jamais. Pourtant le pardon est au bout de ces mains qui implorent et Colette Nys-Mazure y voit le symbole rassurant d’où jaillira « notre propre croissance spirituelle ».
Le Pensionnaire de Saraceni tient son nom d’un érudit italien qui identifia en 1943 un groupe de peintures proche des œuvres de Carlo Saraceni, lui-même fortement inspiré par le style de Caravage. On suppose que le mystérieux « Pensionante del Saraceni » a travaillé à Rome dans les années 1620 et 1630. Il reprend la technique du clair-obscur initiée par le Caravage ; on lui doit ainsi de très belles scènes de genre et des natures mortes très réalistes, inspirées du grand Maître. Si on le rapproche souvent de la peinture maniériste italienne du XVIIe siècle, le Pensionnaire de Saraceni affectionne le détail, une tendance souvent associée à l’art de l’Europe du Nord, si bien qu’il est impossible de connapitre ses originies. Cette énigme a tout au moins l’avantage d’être un exemple passionnant de l’influence des écoles et de l’environnement culturel d’un peintre dans la détermination de son style et de ses sujets.
Colette Nys-Mazure
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